mercredi 25 mars 2009

Canard enchainé du 25 mars


Dans l'édition du Canard enchainé du 25 mars, deuxième article où Sarkozy se livre ...

Communiqué de presse de la CD IUFM

Communiqué de presse Lundi 23 mars 2009
Mastérisation : sortir de la confusion et de l’incohérence (bis repetita)

La Conférence des directeurs d’IUFM ne cesse d’attirer l’attention sur le degré de confusion et
d’incohérence atteint par la réforme du recrutement et de la formation des enseignants à force d’ajouts et de rectifications successifs.

Les mesures concernant le caractère transitoire de l’année 2009-2010 ne font que rajouter un peu plus de confusion et d’incohérence :

- la juxtaposition de trois catégories d’étudiants qu’il faut désormais traiter de manière différente ;

- la nécessité de bricoler un dispositif à la hâte pour un nombre significatif d’étudiants, ceux qui
préparent les concours de professeur des écoles, des lycées professionnels, de conseiller principal
d’éducation ;

- l’obligation pour la plupart d’entrer dans la logique de préparation des actuels concours et de
s’inscrire simultanément dans des masters (quand ils existent) qui ont été construits dans une toute autre logique ;

- et, au bout du compte, la dévalorisation et la perte de crédibilité pour ces masters.

Il existe pourtant une solution simple, claire, cohérente, efficace et lisible.

Puisque l’on proroge officiellement les concours actuels, il suffit de proroger l’année qui les prépare et l’année de formation professionnelle en alternance qui les suit. Il y a là un dispositif qui, depuis une vingtaine d’années, a fait la preuve de sa cohérence et de son efficacité.
Il est alors très simple (moyennant le renforcement de la dimension recherche du mémoire de seconde année) de délivrer le diplôme ou le grade de master à tous ceux qui auront réussi ce parcours difficile et particulièrement sélectif.

Construire l’avenir
De plus, pour construire l’avenir, la Conférence des directeurs d’IUFM réitère sa proposition d’organiser des États Généraux de la formation des enseignants sous forme d’une consultation rigoureuse et démocratique de tous les acteurs de ce dossier.

Conférence des directeurs d'IUFM

Café pédagogique, 23 MARS


Formation des enseignants : Un recul et tout se complique…

L'annonce par X Darcos du maintien des concours habituels en 2010 est bien un recul. Mais est-ce compatible avec l'installation d'une nouvelle formation à ces concours ?
Dans une lettre adressée aux syndicats le 20 mars, Xavier Darcos annonce que "les concours seront maintenus dans leur état actuel pour la session 2010". Le ministre a entendu la revendication qui secoue les universités depuis 2 mois. Même recul sur la formation professionnelle des enseignants : "à partir de la rentrée 2010, une partie des obligations de service, de l'ordre d'un tiers, sera consacrée à une formation continuée renforcée permettant la mise en place d'un tutorat et de retours réguliers en formation universitaire à visée disciplinaire ou professionnelle". Par ailleurs le ministre accorde que pourront s'inscrire aux concours 2010 les étudiants déjà titulaires d'un master ou inscrits en M2 et, à titre exceptionnel, "les candidats présents aux épreuves d'admissibilité de la session 2009" ainsi que "les étudiants inscrits en M1 à la rentrée 2009". Ces derniers devront obtenir leur M2 à l'issue de l'année 2010-2011 pour devenir fonctionnaires.

C'est dire qu'il règne un certain flou entre le maintien de concours qui n'évoquent pas la nécessité d'être en master pour y accéder et un texte qui parle de masterisation. Ce flou est d'autant plus grand que très peu d'universités ont défini un programme de master, la plupart refusant d'envoyer leurs maquettes. Enfin le texte ne mentionne nulle part les IUFM qui pourtant semblent les seuls aujourd'hui en état de proposer une formation effective à la rentrée…

Partant de là, le front anti-Darcos semble se briser. L'Autonome Sup voit dans le texte ministériel "le geste que la communauté universitaire attendait". La FSU parle d'un "infléchissement réel du dossier". "Pour l'horizon 2011", note la FSU, "le ministre semble travailler maintenant sur un dispositif beaucoup plus ouvert tant dans la conception de la formation des enseignants que dans l'articulation de celle-ci avec les concours, dont les modalités et la temporalité restent pour partie à construire". Mais le syndicat estime que "ces annonces restent insuffisantes sur d'autres points : décharge de service pour les stagiaires trop faible, absence de réels pré-recrutements, flou sur le contenu de la formation de l’année de stagiaire, absence de référence aux IUFM". Il appelle donc à "poursuivre la mobilisation notamment dans l’action du 24 mars".

Le Snuipp est déjà plus critique. "Le contenu des épreuves du concours de recrutement des professeurs des écoles étant maintenu, le SNUipp demande donc que la formation en IUFM seule formation existante pour les épreuves actuelles soit maintenue et que les étudiants puissent continuer de s’y inscrire. Il serait incohérent et aberrant de se priver de l’expérience des formateurs actuels et de ne pas utiliser le dispositif de stages existant. Le SNUipp demande que cette année de préparation soit reconnue comme première année de master". Le Snuipp évoque "un dispositif aussi précipité qu’aventureux qui comporte le risque d’une dégradation de la formation professionnelle des enseignants avec ses conséquences néfastes pour les élèves" et appelle aussi à la mobilisation le 24 mars.

Le Sgen-CFDT salue "des annonces importantes mais qui… ne lèvent pas toutes les incertitudes… Pour l'année qui vient, les étudiants actuellement en licence pourront être recrutés en 2010 par des concours ayant une forme maintenue. Pour le Sgen-CFDT, il va de soi que cette décision doit s'accompagner du maintien en l'état actuel des modalités et dispositifs de préparation à ces concours dans les IUFM et les autres composantes universitaires concernées, cette année de préparation devant être validée comme M1 moyennant des adaptations prenant en compte la dimension recherche". Le Sgen estime que "les jours qui viennent seront déterminants pour l'avenir des IUFM et de leurs personnels et plus largement de la formation initiale des enseignants".

Les critiques les plus dures viennent des coordinations. La Coordination nationale des universités parle de "manœuvre dilatoire" et "d'invraisemblable inconséquence". Elle demande le retrait de la réforme de la formation des enseignants. Sauvons l'Université souligne comme la Coordination de la formation des enseignants des incohérences du texte ministériel. " Autre casse-tête à venir pour les universités : pour la préparation des CAPES, il faudrait, si l’on suit la logique du ministre, assurer l’an prochain dans chaque discipline un M2 intégrant la préparation du concours ancien, un M1 intégrant la préparation du concours ancien et conduisant à un M2 sans préparation au concours, et un M1 sans préparation au concours, conduisant à un M2 avec préparation au concours nouveau… Et il en va exactement de même pour la préparation au professorat des écoles. On mesure l’opacité totale de l’offre de formation des universités l’an prochain !" La Coordination FDE estime que " ce maintien des concours dans leur forme actuelle est une concession, dont il faut se réjouir, mais qui aboutit à une absurdité : il est impossible de préparer aux concours dans leur forme actuelle dans le cadre d’un master professionnel adapté à la préparation de concours modifiés".

Interrogé par le Café, André Ouzoulias, professeur d'IUFM, reconnaît la concession ministérielle en ce qui concerne le concours mais assortie d'une "tromperie". " Comme le maintien des épreuves est assorti d'une modification des conditions d'inscription énoncée au § 8 (seuls pourront s'inscrire les étudiants disposant d'un master ou inscrits en M2), cette concession est sans aucune valeur. En changeant le niveau de recrutement dès la prochaine session, Xavier Darcos engage en effet le processus de mastérisation voulu par le gouvernement dès 2009-2010, processus dont nous avons dit que, tel qu'il est conçu, il conduirait à une grave détérioration de la formation des enseignants… Si les syndicats acceptaient la modification des critères d'inscription, le processus de mastérisation serait lancé, avec leur accord, dans des conditions d'improvisation inacceptables au regard des exigences d'une formation d'enseignant. Les risques les plus importants que nous avons pointés jusqu'ici ne seraient pas évités : mise en concurrence des universités, des départements et des IUFM, maintien d'une année de M2 avec des objectifs inconciliables (ECTS du master, mémoire de recherche, concours et, éventuellement stage !), une 5e année de formation qui n'est plus rémunérée, dissolution progressive des IUFM, de leur potentiel de compétences et de recherche".

Pour Jean-Louis Auduc, directeur-adjoint d'IUFM, également interrogé par le Café, "tout reste à faire… Trop tournés vers l’amont, c’est-à-dire vers la validation de savoirs universitaires, et peu vers l’aval, c’est- à-dire les compétences nécessaires à l’exercice du métier, ces concours doivent être modifiés dans l’avenir".

En attendant, la journée du 24 mars devrait d'un côté voir défiler des syndicats ayant des approches différentes, de l'autre côté des tractations se nouer pour sortir d'un imbroglio administratif et politique.