mardi 7 avril 2009

L'Huma- 6 avril

Société
Les IUFM maltraités par le gouvernement

L’acharnement du pouvoir sur son projet de mastérisation, malgré les reculs imposés par la mobilisation, fait qu’aujourd’hui ce texte est devenu ingérable.

Dans les IUFM, on ne sait plus à quel saint (Valérie ?) se vouer. Entre ce que proposait, à l’origine, le projet gouvernemental de réforme des universités concernant la mastérisation et ce que ces propositions sont devenues sous les effets des coups de boutoir de la mobilisation universitaire, la situation est devenue ubuesque. Plus personne n’est en mesure de saisir vraiment ce que le gouvernement réserve demain aux futurs enseignants quant à leur formation initiale. Pour Valérie Robert, de Sauvons l’université, le projet est « devenu une usine à gaz invraisemblable. Les reculs, pas à pas, du ministère sur cette question font que nous sommes aujourd’hui dans le grand n’importe quoi. C’est devenu ingérable parce que le ministère n’arrive pas encore à prononcer le mot "retrait" ». Pour l’y pousser, la huitième coordination nationale des universités, qui se tient aujourd’hui à Paris-III, sur le site d’Asnières (Hauts-de-Seine), devrait appeler à poursuivre une mobilisation qui entre dans sa dixième semaine.
le constat des directeurs d’IUFM
En attendant, il faut bien que ceux qui sont à la tête des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) continuent à les diriger et ce n’est pas une mince affaire. En fin de semaine dernière, la conférence des directeurs d’IUFM a fait le constat que « les dispositions transitoires annoncées à l’été 2008 par les ministres pour l’année 2008-2009 ne pourront pas être tenues. Elles prévoyaient des équivalences permettant aux étudiants des IUFM une inscription en deuxième année des masters préparant aux métiers de l’enseignement. Or, presque partout en France, ces masters n’existeront pas à la rentrée 2009 ». La Conférence relève ainsi que, parmi les rares universités qui avaient proposé des maquettes de masters visant les métiers de l’enseignement, « deux ont décidé à ce jour de les retirer ». Si bien que les directeurs d’IUFM demandent la « reconduction en l’état » pour 2009-2010 « des dispositifs de formation et de recrutement existants », sauf à décider de supprimer tout bonnement toute formation des enseignants pendant l’année 2009-2010.
urgence à relancer la réflexion
Au-delà de la « confusion », épinglée par la conférence, celle-ci juge les étudiants « lésés » car condamnés à ce « dilemme » : « ou bien ils s’inscrivent en master et ils ont peu de chances de réussite aux concours, ou bien ils s’inscrivent en préparation de concours et ne pourront pas valider leur année de master, validation nécessaire pour être définitivement recrutés ». Toutes mesures qui n’ont qu’un but, selon les directeurs : la mise à mort des IUFM. « Cet acharnement obsessionnel ne nuit pas seulement aux IUFM. Aujourd’hui, ce pouvoir de nuisance retombe sur les étudiants et sur toute la communauté universitaire », dénoncent-ils. Face à cette situation dégradée, la conférence appelle de ses voeux « un processus de relance de la réflexion sur cette question et invite tous les acteurs de ce dossier à rejoindre son initiative d’états généraux de la formation des enseignants ».
Samedi, sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris, dans le cadre de la ronde infinie des obstinés, qui tourne toujours et qui a même essaimé en province et jusqu’à Fort-de-France en Martinique, les IUFM d’Île-de-France s’étaient donné rendez-vous pour mettre en « formation tortue ». Pour briser les dernières lances de Valérie Pécresse ?

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